Traqueurs de fraude

En 2008, les fraudes ont causé une perte de 7 % du PIB, selon l’association américaine des Examinateurs Certifiés en Fraude – soit 994 milliards de dollars par an. Heureusement, la technologie peut faire beaucoup pour améliorer cette situation.

La nouvelle technologie peut offrir une protection significative contre la falsification de documents, notamment les chèques, certificats ou passeports. En 2001, une étude réalisée par Standard Register, fournisseur de documents sécurisés, a révélé qu’en moyenne, près d’un chèque professionnel sur 1 000 était falsifié. D’autres études ont montré que pour les chèques intégrant deux technologies de sécurité ou plus, le taux de falsification était inférieur à un sur 100 000.  

En réponse à ce risque de falsification, Standard Register fait appel à un arsenal de méthodes. Celles-ci incluent l’utilisation d’encres et liants pour toner spéciaux qui empêchent l’altération des documents, ou encore la fabrication de son propre papier pour garantir que personne ne puisse l’obtenir. Les systèmes de protection contre la copie utilisés comprennent les pantographes Void (trame pantographe dans laquelle est caché le mot « VOID »), filigranes ou micro-impressions.  

Le premier enjeu est de garantir que le destinataire d’un document l’examine attentivement. Standard Register suggère d’imprimer directement sur le document les instructions stipulant comment l’examiner.  

Falsification presque impossible
Une autre approche, adoptée par la société britannique Ingenia Technology, fait appel à une technologie dite d’authentification de surface par laser (Laser Surface Authentication – LSA), développée par une équipe de l’Imperial College London dirigée par le Professeur Russell Cowburn. Cette technique exploite le fait que chaque document — qu’il soit en papier, plastique, métal ou carton — possède une empreinte unique due à ses imperfections microscopiques en surface. En scannant la surface, un code peut être généré et utilisé pour identifier le document, allant d’un certificat d’actions, une carte d’identité, une boîte de médicaments ou un carton contenant un téléviseur. Ce code est alors stocké dans une base de données centralisée ou transmis avec le document sous forme d’un code barres crypté.  

Ce code est très résistant. D’après un article publié par l’équipe dans le journal Nature en 2005, des documents ont été roulés en boule, puis aplatis, avant d’être immergés dans l’eau, séchés, passés au four, gribouillés, ou frottés avec un tampon abrasif. Et même après tout cela, le code a pu être reconnu.  

Les auteurs précisent que leur technique n’implique aucun processus de fabrication propriétaire : « Même les inventeurs ne pourraient pas falsifier physiquement cette empreinte car il n’existe aucun procédé de fabrication connu permettant de copier des imperfections de surface avec le niveau de précision requis. »  

Toutefois, si le procédé LSA peut garantir l’authenticité du document, il ne peut pas garantir l’authenticité des informations qu’il contient, comme le peut la technologie sans contact (RFID) intégrée dans le document. C’est pourquoi la RFID semble avoir été préférée, avec les passeports et cartes d’identité électroniques déjà en phase d’émission dans plusieurs pays.  

Le choix électronique
Deux sociétés HID Global, Aontec à Galway, en Irlande, et l’usine d’HID Global à Erfurt, en Allemagne, utilisent des technologies différentes pour fabriquer le module de puces et les antennes à utiliser dans les documents électroniques.  

Les puces contiennent les informations du passeport traditionnel mais peuvent également inclure des informations comme des empreintes digitales. Le niveau de protection technique dépend de la sensibilité des données. Au minimum, la zone de lecture optique doit être lue avant que les données électroniques de base (nom, date de naissance, photo, etc.) ne deviennent disponibles. Une clé statique extraite de la zone de lecture optique garantit ce protocole de contrôle d’accès de base (Basic Access Control).  

À compter de juin 2009, l’UE rendra obligatoires les empreintes digitales sur les passeports. Marc Bielman, Vice-Président de Global Production & Sourcing d’HID Global, souligne : « Il sera nécessaire d’utiliser plus de protocoles de contrôle d’accès étendu (Extended Access Control) sécurisés, avec une authentification et un cryptage comparables aux signatures électroniques légalement reconnues. Seuls les lecteurs autorisés auront accès aux données d’empreintes digitales et chaque pays devra fournir des clés de décryptage aux pays qui ont un accès autorisé. »  

Telle quelle, la RFID procure un niveau de sécurité supplémentaire. « Avant, un passeport comportait de l’encre UV et un timbre sur le coin de la photo », explique M. Bielmann. « Est ensuite apparue une page plastique avec une photo numérique, puis le nom a été gravé au laser. L’étape suivante est la RFID. Il faut désormais comparer la photo sur le passeport, la photo sur la puce et la personne qui se tient en vrai devant vous. »  

Et la sécurité accrue va de pair avec un confort accru. « D’ores et déjà, dans certains aéroports qui utilisent les passeports électroniques, le passage aux douanes peut se faire en 45 secondes », ajoute M. Bielmann.  

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